11.1.16

Miami Beach, droles d'oiseaux














































Quand on pense a Miami Beach, on a assurement en tete des images de plages de sable blanc, par ailleurs importé chaque année de contrées lointaines. Mais cette ville est aussi et avant tout un haut lieu de l'architecture art-deco. Ses 960 edifices historiques blancs et pastels construits dans les années '30 ont bien failli être perdus dans les années 70-80. Le quartier soudainement abandonné des touristes américains, préférant découvrir de nouvelles contrées, tombe vite en decrepitude et devient le repère des criminels et vendeurs de drogues. Des activistes le sauvent en 1979 en réussissant a l'inscrire sur le registre national des lieux historiques. Mais c'est surtout la série télévisée Miami Vice, qui va redonner un coup de peinture couleur pastel a Ocean Drive pour lui servir de decor, qui soudain attire l'attention des promoteurs immobiliers qui se ruent afin de faire renaitre de ses cendres ce lieu paradisiaque. 

Nous ne nous lasserons pas au cours de notre séjour de parcourir de jour comme de nuit la mythique Ocean Drive, le coeur du Art Deco District, longue de deux kilometres. Une ambiance diurne toute en douceur avec ses devantures dans les tons pastels qui se metamorphosent la nuit a coup de neons colores et festifs. Le weekend on assiste a un defile de voitures de sport rutilantes, ronronnantes et parfois meme couleur or, assorties a leurs conducteurs bling bling tout droit sortis d'une série télévisée, chemise ouverte sur chaine en or poids lourd, bagues a chaque doigt et montre au cadran géant, en or massif, les empêchant de lâcher le volant au risque de voir leur bras glisser sous le siege...et toujours accompagnés d'une ou plusieurs poupées au gout vestimentaire très mini et flashy mais toujours outrageusement regonflées et fardées. C'est un spectacle en soi qui m'a beaucoup diverti depuis les terrasses des cafes ou les enfants et moi consommions sans moderation des litres de virgin mojitos servis dans des verres ayant la taille de compotiers.
Nous n'avons bien sure pas oublié Collins Avenue bordée d'hotels art-deco magnifiques ainsi que les rues piétonnes de Lincoln road et Espanola Way.

L'appel de la plage est très fort. Je suis attirée par cet Ocean agité, ses plages tellement vastes qu'elles semblent désertes et surtout ses fameuses cabanes de sauveteurs colorées bâties après le passage de l'ouragan Andrew pour redonner vie aux plages dévastées. Le drapeau rouge indique de fortes vagues et le mauve la presence de méduses ou meme de squales. Pas vraiment avenant pour le coup.

Sur la plage se cotoient differentes espèces d'oiseaux migrateurs ou locaux que j'ai eu plaisir a étudier. Les fameux Becs en Ciseaux, oiseaux au plumage noir et blanc, au long bec pouvant faire penser aux pingouins et gentillement alignes au bord de l'eau. Les Snow Birds sont leurs voisins, cette espèce  prolifère, quittant le climat rude et hostile des contrées plongées dans l'hivers pour venir s'affaler sur des transats colores des heures durant. On les reconnait a leurs corps tout luisant, souvent artificiellement gonflé par endroits, des ray-bans pilote aux verres miroirs colorés tenant d'une pate un cocktail et de l'autre le dernier iphone. 
Sur la promenade en planche bordant la plage, ambiance pour le moins anachronique : on croise des touristes, des joggeurs gays et aussi des juifs orthodoxes parlant yiddish entre eux. Les hommes sont vêtus d'un long manteau noir, d'un chapeau noir, d'un pantalon noir, d'une veste ou gilet... noirs, portés sur une chemise blanche. Leur visage est encadre d'une barbe et de papillotes. Les femmes mariées portent de longues jupes sombres plissées, sur des collants épais fumés (qu'elles ne quittent pas sur la plage ni meme les pieds dans l'eau de bon matin se balançant d'avant en arrière tout en lisant la Torah), des talons plats, un chemisier austere unis et la tete recouverte soit d'un foulard noué sur le devant, soit d'une perruque, a la coupe identique et très particulière, rehaussé d'un petit bout de tissu accroche au niveau de la calvitie. La perruque parait si réelle que je l'ai longtemps confondue avec de vrais cheveux mais au fil des jours il me sembla impossible de maintenir une coiffure aux plis compliqués si impeccable quelle que soit la femme rencontrée. Des habitudes vestimentaires qui semblent ne pas avoir évoluées depuis le 19eme siècle en Europe de l"est.

A chaque croyance au sein du judaïsme, une coutume vestimentaire signe l'appartenance a une communauté, a une histoire qui se perpétue au travers des siècles. Les codes vestimentaires imposent pour les deux sexes que les bras et les jambes soient recouverts ainsi que le port d'un couvre chef. L'homme ne doit pas atteindre a son humanité en touchant a son visage en se servant d'outils tranchants ou coupants. Les femmes doivent se couvrir la tete pour être pudiques, modestes. L'essentiel étant de paraitre une femme exemplaire afin de défendre l'honneur familial. La Floride du Sud abrite la deuxième plus grande communauté juive d'Amérique du Nord après New York, il est donc normal que certaines rues ne soient qu'une succession de synagogues, boutiques, hotels et restaurants cacher, musées et mémorial juif.