26.4.16

des fresques aux graffitis









































Lorsqu'on visite le site archéologique de Pompéi, on remonte littéralement dans le temps. C'est l'un des sites les plus surprenants et des plus émouvants d'Italie. On y revit l'atmosphere, on imagine fort bien le mode de vie quotidien de l'ancienne société romaine. Le temps semble s'être arrêté. La tragique et apocalyptique éruption du Vesuve en l'an 79 est une chance incroyable pour nous. Le linceul de sédiments qui la recouvrit d'une couche protectrice pendant 17 siècles nous la rendue presque intacte lorsqu'elle fut retrouvée. 

Herculanum fut l'autre ville romaine florissante dévastée par l'éruption. La vaste étendue commerciale de Pompei contraste avec les vestiges plus restreints mais mieux préservés de la station balnéaire d'Herculanum car recouverte d'une épaisse couche de boue volcanique. Une partie de la population n'a pas fui mais s'est réfugiée dans des locaux près de la plage, pensant se protéger d'un tremblement de terre. Ils y sont toujours! Ces deux villes constituent un témoignage complet et vivant de la société et de la vie quotidienne a un moment precis du passé, et ne trouvent d'equivalent nulle part au monde. Il s'agit d'un lieu capable d'exercer la fascination de l'Antique et d'un exemple exceptionnel de témoignage du passé.

Les superbes fresques qui ornent encore les murs des riches villas donnent un témoignage très vivant du mode de vie opulent des citoyens les plus riches des débuts de l'Empire romain.
Quelle emotion pour les enfants de se tenir sur les pierres meme qui servirent de passages piétons surélevés et permettaient aux passants de ne pas se mouiller ou de se souiller les pieds en traversant. Qui n'a pas suivit du doigt les sillons gravés dans les pavés des rues et permettant aux chars de circuler sans être trop chahutés.
J'ai été secouée de frissons en visitant les différentes salles des bains publics a l'ambiance feutrée et intimiste, aux peintures si delicates, aux bassins attendant leurs lots de femmes exfoliées, massées et huilées. Parcourir de la paume le contour du bassin millénaire en marbre blanc du caldarium, rempli d'eau froide ou se penchaient ses dames afin de se rafraîchir ... quelle emotion.
Comment ne pas s'imaginer vêtus de toges, franchissant le seuil de l'un des nombreux bars restaurants de Pompei afin de se faire servir du vin ou des mets cuisinés et présentés dans les amphores encastrées dans les comptoirs et encore intactes.

Une des particularités de Pompei est sans doute la richesse des graffitis presents sur les murs de tous les edifices. La pollution graphique moderne qui defigure et menace le patrimoine culturel italien me hérisse le poil alors meme qu'elle a permis aux historiens de reconstruire la vie des habitants de Pompei il y a 20 siècles. Pas de quoi me réconcilier avec ce mode de degradation, veritable fleau en Italie en raison de la richesse de son patrimoine culturel mais aussi des baisses des fonds publics visant a la protection des sites par la surveillance. C'est une certaine conception du tourisme de masse qui est a blamer, la disneylandisation des sites historiques et le laisser faire des autorités voire meme des guides.

Revenons au Ier siècle ou le papyrus et les tablettes étaient réservés aux oeuvres littéraires et aux documents administratifs ou juridiques. Tout le reste, on le confiait a la pointe d'un stylet et au crépi d'une muraille. L'aubergiste dressait ses comptes a meme le mur, les amoureux quelques serments, les écoliers les signes de l'alphabet.
La foule des oisifs et des flaneurs se divertissaient a rediger des injures, des menaces ou a esquisser des caricatures. Les amateurs d'amphithéâtre nous ont laisse le souvenir de leur enthousiasme pour leur champion favori et des commentaires fleuris pour leurs adversaires. Il n'est pas jusqu'aux habitués des lupanars qui ne nous aient pas laisse quelques échantillons de figures obscènes au milieu de graffitis tout a fait modernes qui ont tellement abime les fresques que c'est a en pleurer.  Et voici que grace a toutes ses inscriptions la vie semble renaitre dans la solitude d'une ville fantôme et nous fait entendre les milles voix d'autrefois. Et l'excitation de découvrir ce qu'il y a d'éternel dans l'esprit humain : une pensée, un sentiment exprimés par la parole écrite efface le tableau tragique qu'a du être le dernier souffle de vie de toute une population. 

Je conclurai avec cette célèbre citation glanée sur les murs de la ville éternelle : 'Je suis émerveillée, o mur!, que tu ne sois pas encore tombe en ruines sous le poids de toutes les niaiseries dont on t'a recouvert.'